Gustave MARZIN, lannionnais, raconte son arrestation
par des inspecteur de police français à Lannion le 11 août 1943



Gustave MARZIN
MARZIN Gustave
Né en septembre 1912 à Rennes (Ille-et-Vilaine), artisan électricien, demeurant à Lannion.
Militant aux jeunesses communistes dont il est secrétaire départemental en 1937, adhère au PCF en 1937.
Marié .. enfants.
Mobilisé en 1939, il est blessé dans les Ardennes en mai 1940.
Il renoue les fils de l'organisation clandestine dès 1941 avec Louis PICHOURON. Responsable du triangle du PCF clandestin à Lannion.
Décédé en 1989 à Lannion.
Arrêté le 11 août 1943 à son domicile par des inspecteurs de police français.
Interné à Rennes, puis à Compiègne.
Déporté au camp de concentration de Neuengamme en Allemagne.
Rescapé de l'enfer de Lübeck.

Lannion le 28 juillet 1945

Je soussigné MARZIN Gustave, né à Rennes le 17 septembre 1912 et demeurant à Lannion Côtes-du-Nord (avenue du Tribunal).
Déclare ce qui suit : Le 11 août 1943 j'ai été arrêté chez moi comme communo-terroriste par cinq policiers en civil.
Je fus conduit à Saint-Brieuc dans une voiture Citroën noire (traction). Je fus interné dans une chambre du deuxième étage du commissariat de police qui se trouve en face de la maison du Peuple à Saint-Brieuc, là je trouvais plusieurs autres personnes hommes et femmes également arrêtés par les mêmes individus.
Le lendemain, 12 août 1943 je fus interrogé pour la première fois, mes réponses ne plaisant pas à ces messieurs je fus sauvagement frappé à coups de cravache pendant environ une heure et ensuite je reçu de nombreuses gifles et coups de poing. Les gens qui me frappaient ainsi étaient les mêmes que ceux qui m'avaient arrêté.
Dans les jours qui suivirent je fus interrogé et frappé avec encore plus de sauvagerie que la première fois et ceci à plusieurs reprises.
Les autres détenus, hommes et femmes subirent le même sort que moi, plusieurs d'entre eux avaient de grosses plaies aux fesses notamment LE GUERN et TOENEN, ils furent laissés sans aucun soin, cela durant un mois, au bout de ce temps, nos bourreaux nous livrèrent aux allemands et nous fûmes dirigés sur la prison de Rennes où j'ai fais huit mois de cellule, ensuite je fus envoyé au camp de Compiègne puis en Allemagne au camp de concentration de Neuengamme.
J'ai appris par les camarades détenus avec moi à Saint-Brieuc et qui appartenaient à la même organisation de résistance que moi, que nous avions été " donnés " par un certain André RENARD dit André, lequel avait appartenu pendant un certain temps à notre organisation.
J'appris de la même façon que le chef des policiers qui vinrent m'arrêter et qui nous torturait s'appelait LARIEUX, c'est un homme de taille moyenne, trapu, il paraît avoir trente à trente cinq ans.
La bande des policiers était formée d'une dizaine d'individus, dont une femme, cette dernière paraissait avoir une trentaine d'années, elle était grande et brune.

Gustave MARZIN